Stimuler le recyclage cellulaire pour lutter contre le vieillissement
Ces résultats ouvrent des pistes pour traiter les maladies liées à l’âge
Une équipe internationale dirigée par l’EPFL a découvert une puissante voie anti-âge chez les vers ronds : stimuler les lysosomes des cellules aide à éliminer les déchets et favorise un vieillissement en bonne santé. Ces résultats ouvrent des pistes pour traiter les maladies liées à l’âge.
Le vieillissement est une réalité de la vie. Au fil du temps, notre corps et notre esprit changent, et notre organisme devient sensible à un certain nombre de maladies liées à l’âge. Par conséquent, l’un des principaux objectifs de la recherche scientifique aujourd’hui est de trouver des moyens de ralentir, voire d’inverser le vieillissement.
L’un des défis consiste à comprendre comment nos cellules gèrent les déchets et les dommages. À mesure que les cellules vieillissent, leur capacité à nettoyer les protéines toxiques et les composants cassés diminue. Cette accumulation peut entrainer une série de problèmes de santé, allant de la perte de mobilité à des maladies graves comme la maladie d’Alzheimer.
Une aide précieuse
Aujourd’hui, une équipe internationale de scientifiques dirigée par Johan Auwerx de l’EPFL vient de découvrir chez le ver commun Caenorhabditis elegans un système de défense qui aide les cellules à éliminer les déchets nocifs.
Ce système est appelé Lysosomal Surveillance Response (LySR), et son activation stimule l’activité des lysosomes, les organites de la cellule responsables de la décomposition et du recyclage des déchets. L’activation du LySR a permis aux vers de vivre environ 60 % plus longtemps et a également aidé à les protéger des amas de protéines toxiques qui entraînent des maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer et la maladie de Huntington.
La recherche est le fruit d’une collaboration de l’EPFL avec l’Université Fudan (Chine), l’UMC d’Amsterdam (Pays-Bas) et le Baylor College of Medicine (États-Unis). Les résultats sont publiés dans Nature Cell Biology.
Les superpouvoirs du système de défense LySR
Les scientifiques découvert la voie LySR en étudiant ce qui se passe lorsque certains gènes d’élimination des déchets sont désactivés. Ils ont ensuite désactivé un groupe de gènes qui forment de minuscules pompes appelées sous-unités vacuolaires H+-ATPase. Celles-ci aident les lysosomes à fonctionner. Le résultat a été fascinant: les scientifiques ont activé de manière inattendue la voie LySR dans la cellule.
Les chercheuses et chercheurs ont également découvert que le système LySR est commandé par le gène ELT-2, qui agit comme un commutateur principal du système de nettoyage de la cellule. Après l’activation du LySR, ils ont suivi dans quelle mesure les vers pouvaient éliminer l’accumulation des agrégats de protéines, combien de temps ils vivaient et dans quelle mesure ils résistaient aux signes de vieillissement et de maladie.
Pour confirmer l’effet, les scientifiques ont testé l’activation du LySR dans plusieurs modèles de vers porteurs de maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer et la maladie de Huntington. Ils ont découvert que la voie LySR améliorait systématiquement la santé cellulaire et l’élimination des déchets, ce qui aide à «détoxifier» les cellules.
Bien que la recherche ait été menée sur des vers, des voies semblables au LySR existent chez les êtres humains, ce qui laisse espérer de nouvelles approches du vieillissement en bonne santé et du traitement des maladies neurodégénératives.
Publication originale
Terytty Yang Li, Arwen W. Gao, Rendan Yang, Yu Sun, Yuxuan Lei, Xiaoxu Li, Lin Chen, Yasmine J. Liu, Rachel N. Arey, Kimberly Morales, Raya B. Liu, Wenzheng Wang, Ang Zhou, Tong-jin Zhao, Weisha Li, Amélia Lalou, Qi Wang, Tanes Lima, Riekelt H. Houtkooper, Johan Auwerx; "A lysosomal surveillance response to stress extends healthspan"; Nature Cell Biology, 2025-6-26